Les 10 startups françaises qui redéfinissent le ProcureTech

Les 10 startups françaises qui redéfinissent le ProcureTech

Dans un écosystème achats en pleine mutation, un nouveau tissu de startups françaises bouscule les pratiques traditionnelles. Ces jeunes entreprises ne se contentent pas d’optimiser les coûts : elles automatisent, analysent, sécurisent et enrichissent les processus achats en les alignant sur les enjeux de gouvernance, de performance et de durabilité. Tour d’horizon des acteurs les plus structurants du ProcureTech tricolore.

Pourquoi le ProcureTech s’impose comme levier stratégique

La digitalisation de la fonction achats ne relève plus du projet SI, mais d’une transformation métier à part entière. Le ProcureTech – contraction de Procurement et Technology – regroupe l’ensemble des solutions qui visent à professionnaliser, fiabiliser et piloter les achats grâce à la technologie. Loin des simples outils transactionnels, ces plateformes permettent désormais d’automatiser des tâches complexes, d’exploiter la donnée en temps réel, d’évaluer les risques fournisseurs ou encore de piloter des critères ESG.

En France, ce segment monte en puissance avec l’émergence d’une dizaine de startups structurées, portées par des fondateurs souvent issus des directions achats, du conseil ou de la tech B2B. Elles se positionnent en alternatives innovantes aux grandes suites logicielles internationales, parfois perçues comme rigides ou inadaptées aux PME et ETI.


Silex : l’IA au service du sourcing intelligent

Fondée en 2014, Silex s’est imposée comme pionnière du sourcing digital. Sa plateforme s’appuie sur l’intelligence artificielle pour proposer, en temps réel, des fournisseurs adaptés aux besoins exprimés par les acheteurs. L’algorithme croise données internes, spécifications et veille externe pour recommander des partenaires qualifiés, en réduisant le temps de recherche.

L’outil est déjà déployé dans de grands groupes comme Veolia, Safran ou La Poste. Il s’intègre aux SI achats existants (SRM, ERP) et s’adresse aussi bien aux familles stratégiques qu’aux achats de classe C.


Per Angusta (devenu SpendHQ Europe) : pilotage de la performance achats

Per Angusta a été fondée à Lyon avec une idée simple mais structurante : offrir aux acheteurs un véritable outil de pilotage des projets achats, avec traçabilité des gains, visibilité budgétaire et intégration aux équipes finance.

Racheté par SpendHQ, la solution reste développée en France et plébiscitée par de nombreuses directions achats pour son approche orientée “performance mesurable”. Elle comble un vide entre les outils de négociation, les ERP et le contrôle de gestion, en structurant la contribution achat dans la durée.


Trustpair : sécuriser les paiements fournisseurs

Si le risque cyber est souvent traité côté DSI, il touche directement la fonction achats lorsqu’il s’agit de valider les coordonnées de paiement des fournisseurs. Trustpair automatise la vérification des IBAN et la détection des fraudes au virement, à travers une interface simple, connectée aux bases de données financières.

La startup adresse un enjeu rarement couvert par les suites achats classiques : la fiabilité des paiements dans un contexte de relations fournisseurs dispersées et de flux internationaux.


WeProc : une alternative française de P2P pour les PME

WeProc propose une plateforme 100 % SaaS de gestion du processus Procure-to-Pay, pensée pour les PME et ETI. L’interface couvre l’ensemble du cycle de l’expression de besoin à la facturation, avec un accent mis sur la fluidité utilisateur.

Positionnée comme une alternative agile aux géants du P2P, WeProc séduit les organisations qui cherchent un déploiement rapide, une prise en main simple, et une meilleure gouvernance documentaire.


Winddle : le suivi collaboratif des approvisionnements

Winddle s’adresse aux directions supply chain et achats confrontées à des cycles logistiques complexes. Sa plateforme permet de planifier, suivre et anticiper les commandes fournisseurs en lien avec les contraintes d’approvisionnement, notamment à l’international.

En proposant une visibilité temps réel sur les jalons de production, les retards ou les blocages douaniers, Winddle outille la résilience supply et favorise la coordination entre métiers.

Purchasely : la culture produit appliquée aux achats

Fondée par d’anciens experts tech et achats, Purchasely propose un environnement intégré de gestion des catalogues, des demandes internes et des validations hiérarchiques. L’ambition est d’apporter aux processus achats la même fluidité que dans les interfaces orientées produit (UX/UI, personnalisation, rapidité de traitement).

Cette approche “user-centric” favorise l’adoption de la solution en interne, tout en renforçant la transparence budgétaire et le contrôle des engagements. L’outil est aujourd’hui utilisé dans les environnements multi-sites ou à forte volumétrie de demandes.


Jenji : automatiser et tracer les dépenses achats indirects

Si Jenji s’est d’abord fait connaître pour ses solutions de gestion des notes de frais, la plateforme a rapidement évolué pour couvrir une large partie des dépenses indirectes, hors catalogue. Elle propose une interface unique de dématérialisation, d’analyse et de contrôle en temps réel, avec un moteur de conformité personnalisable.

Dans les organisations où les achats indirects représentent un gisement diffus et peu structuré, Jenji permet une traçabilité renforcée, sans freiner les usages terrain. L’entreprise adresse un segment stratégique mais souvent mal outillé.


Okaveo : piloter la conformité fournisseurs dans la durée

Spécialisée dans le screening fournisseur, Okaveo propose un environnement de gestion du risque tiers intégrant veille réglementaire, scoring ESG et alertes temps réel. L’outil permet de documenter, auditer et justifier les démarches de vigilance imposées par le cadre réglementaire français et européen.

Les directions achats confrontées aux exigences CSRD ou à la loi sur le devoir de vigilance trouvent dans Okaveo une solution native, évolutive et déjà interconnectée avec les principales bases légales et plateformes KYC.


Agicap Procurement : piloter le cash lié aux achats

Spécialiste du pilotage de trésorerie en temps réel, Agicap a étendu son offre au domaine achats à travers un module dédié à la prévision des engagements. En couplant flux de commandes, échéanciers et prévisions fournisseurs, la solution permet de simuler l’impact d’un plan d’achat sur le cash et d’arbitrer les priorités budgétaires.

Cette vision “liquidité-centrée” est particulièrement précieuse dans les contextes de tension sur les marges ou de recalibrage des stocks.


Feazer : industrialiser l’achat de prestations intellectuelles

Feazer se positionne sur le segment en forte croissance des achats de prestations intellectuelles (conseil, freelance, AMOA). Sa plateforme facilite la mise en concurrence, la contractualisation et le suivi opérationnel des missions, avec un référentiel de compétences structuré et un historique de collaboration par fournisseur.

Face à une dépense stratégique mais difficile à standardiser, Feazer permet aux acheteurs de mieux piloter leur panel, de sécuriser les contrats et d’objectiver les décisions de référencement.


Vers une nouvelle génération d’outils achats : tendances de fond

L’émergence de ces startups reflète une évolution structurelle du marché. Plusieurs lignes de force se dessinent :

  • L’hyper-spécialisation des solutions : chaque outil adresse un segment précis du processus achat, avec une profondeur fonctionnelle accrue ;
  • L’interopérabilité croissante : ces plateformes se connectent nativement aux SI finance, ERP et CRM, évitant les ruptures de chaîne ;
  • La culture data-first : qu’il s’agisse de pilotage, de conformité ou d’expérience utilisateur, la donnée devient la matière première du pilotage achats ;
  • La montée en puissance du SaaS agile : les délais de déploiement courts, les modèles d’abonnement flexibles et les mises à jour continues changent la donne pour les directions achats.

Conclusion

Le paysage du ProcureTech français se structure autour d’acteurs agiles, ancrés dans les usages métiers et sensibles aux contraintes opérationnelles des directions achats. Loin d’un effet de mode, ces solutions incarnent une transition vers une fonction plus connectée, plus analytique et plus intégrée aux enjeux de performance globale.

Pour les organisations publiques comme privées, ces startups représentent une opportunité stratégique : accélérer la transformation numérique sans basculer dans des projets longs et rigides. Dans un environnement où la résilience, la conformité et l’efficacité ne peuvent plus être dissociées, le ProcureTech s’impose comme un accélérateur de maturité.

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