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Rôle du service d’achat et processus de passation des marchés

Dans de nombreuses entreprises, le rôle du service d’achat s’est transformé en profondeur. Loin d’être une simple interface administrative, il constitue désormais un levier de performance globale, un outil de maîtrise des coûts, de réduction des risques et de soutien à la stratégie d’entreprise.

Cette évolution est particulièrement marquée dans les organisations confrontées à une volatilité des prix, à des tensions sur les chaînes d’approvisionnement ou à des exigences accrues en matière de durabilité. Le service achat se positionne alors comme un acteur transversal, capable de faire le lien entre les besoins internes et les dynamiques du marché.

Comprendre le rôle du service d’achat, c’est saisir pourquoi il est au cœur des décisions clés, bien au-delà de la simple négociation tarifaire.

Une organisation structurée autour de la performance

La place du service d’achat dans l’organigramme varie selon les secteurs et la maturité des entreprises. Toutefois, dans les organisations les plus avancées, le rôle du service d’achat s’inscrit dans une logique de gouvernance transversale.

Il coopère activement avec les directions métier (finance, juridique, technique) et agit comme un chef d’orchestre des besoins internes. Loin de fonctionner en silo, il fédère les demandes, les formalise, les mutualise, puis les traduit en stratégies d’acquisition concrètes.

Ce fonctionnement transversal permet d’intégrer les achats dans la stratégie globale de l’entreprise, tout en assurant une meilleure maîtrise des engagements contractuels et des coûts.

À retenir : la montée en puissance du service achat n’est pas une tendance passagère. Elle répond à une nécessité structurelle.

Le point de départ : une définition précise du besoin

Tout processus de passation de marché commence par une étape souvent sous-estimée : la définition du besoin. C’est pourtant le socle de tout achat bien structuré. Un besoin mal défini peut engendrer des retards, des surcoûts ou une inadéquation entre les attentes et les offres reçues.

Le service d’achat joue ici un rôle actif. Il ne se contente pas de recevoir une demande : il la challenge, la reformule si nécessaire, et veille à sa cohérence avec le budget, les objectifs métier et les contraintes du marché.

Dans les environnements complexes, cette phase se matérialise par la rédaction d’un cahier des charges précis, souvent élaboré conjointement avec les prescripteurs techniques.

Sourcing : le rôle stratégique de l’exploration fournisseur

Le sourcing, c’est la capacité du service achat à identifier les bons fournisseurs, avant même le lancement d’une consultation. Il s’agit d’une phase de veille active, d’analyse du marché et de qualification des acteurs capables de répondre au besoin.

Dans cette étape, le rôle du service d’achat est essentiel. Il étudie les capacités des prestataires, leur solidité financière, leur conformité réglementaire ou encore leur engagement en matière de RSE.

Cette phase repose sur plusieurs outils : bases de données fournisseurs, plateformes d’appels d’offres, benchmarks sectoriels, ou encore retours d’expérience internes.

Le sourcing ne vise pas uniquement à élargir le panel. Il permet aussi de sécuriser les achats stratégiques et d’anticiper les risques de dépendance ou de rupture.

Choix de la procédure de passation : un enjeu d’équilibre

Une fois le marché préparé, il faut définir la procédure de passation adaptée. Ce choix dépend du montant, de la complexité et du cadre juridique de l’achat.

Dans le secteur privé, le rôle du service d’achat consiste à choisir la procédure la plus efficace : consultation restreinte, appel d’offres, négociation directe, etc. Dans le secteur public, le cadre est plus rigide et encadré par le Code de la commande publique.

Le service achat doit ici arbitrer entre sécurité juridique et agilité opérationnelle. Il s’assure que la procédure est proportionnée au besoin, tout en garantissant une concurrence loyale et une traçabilité suffisante.

Il rédige ou supervise la constitution du Dossier de Consultation (DCE), en lien avec les juristes. Ce dossier est fondamental, car il conditionne la qualité des offres et la sécurité du futur contrat.

L’analyse des offres : rigueur, méthode et objectivité

Une fois les candidatures ou les offres reçues, le service achat entre dans la phase d’analyse. Cette étape est au cœur du processus de sélection. Elle nécessite une méthode rigoureuse, basée sur des critères prédéfinis et des grilles d’évaluation objectives.

Le prix n’est jamais le seul critère. Qualité, délai, engagement RSE, innovation ou encore méthodologie sont souvent déterminants, notamment dans les prestations intellectuelles, informatiques ou complexes.

Le rôle du service d’achat est d’assurer une évaluation équitable, documentée et transparente. Cette rigueur est essentielle pour justifier l’attribution du marché, mais aussi pour construire une relation fournisseur fondée sur la confiance.

Lorsque la procédure le permet, la phase de négociation permet de clarifier les points techniques ou juridiques, d’optimiser les conditions contractuelles, ou encore d’aligner les attentes mutuelles.

La contractualisation : sécuriser la relation dans le temps

L’attribution du marché n’est qu’une étape. Il reste à formaliser les engagements contractuels. Cette étape engage l’entreprise sur la durée. Le contrat doit donc être précis, sécurisé, et adapté au contexte du projet.

Le service achat, avec l’appui du juridique, veille à intégrer les clauses nécessaires : délais d’exécution, modalités de paiement, responsabilités, garanties, pénalités, confidentialité, etc.

Dans les achats critiques ou immatériels, une attention particulière est portée à la clause de réversibilité, à la gestion de la propriété intellectuelle et à la continuité de service.

Le rôle du service d’achat ne s’arrête pas à la signature. Il prépare déjà la phase d’exécution, voire la sortie du contrat, avec un souci constant de sécurisation.

Suivi de l’exécution : un rôle du service d’achat souvent sous-estimé

Une fois le contrat signé, le rôle du service d’achat ne s’arrête pas là. Trop souvent, cette phase est délaissée au profit des équipes opérationnelles, alors qu’elle constitue une étape stratégique pour garantir la performance attendue.

Le service achat conserve ici un rôle de coordination. Il veille au respect des délais, de la qualité des livrables, des engagements contractuels et à la fluidité de la relation avec le fournisseur. Cela implique des points d’avancement réguliers, des indicateurs de performance, mais aussi une capacité à gérer les imprévus.

Dans les achats complexes, cette mission est encore plus sensible. Il s’agit de s’assurer que la prestation délivrée reste en ligne avec les objectifs métiers initiaux, malgré les aléas.

Ce suivi rigoureux est également une façon de préserver la mémoire organisationnelle : savoir quels prestataires ont bien performé, pourquoi certains projets ont échoué, et comment éviter les dérives futures.

Mesurer la performance fournisseur : indicateurs et outils

L’une des évolutions les plus marquantes du métier d’acheteur réside dans la montée en puissance du pilotage par la donnée. Le suivi des fournisseurs ne se fait plus à l’intuition : il repose désormais sur des indicateurs de performance (KPI) structurés et partagés.

Ces KPI varient selon la nature du marché : taux de service, respect des délais, non-conformités, gestion des litiges, satisfaction interne, innovation apportée, engagements ESG tenus, etc.

Le service achat joue ici un double rôle : collecter les données terrain et les traduire en tableaux de bord actionnables. Il ne s’agit pas d’un simple reporting, mais bien d’un pilotage stratégique, qui permet d’orienter les relations fournisseurs dans le temps.

Certains outils facilitent cette démarche : plateformes SRM, portails fournisseurs, tableaux de bord dynamiques, intégrations ERP. Toutefois, la qualité du pilotage repose avant tout sur la rigueur du processus, pas uniquement sur la technologie.

Anticiper et gérer les risques : une mission devenue centrale

Dans un environnement marqué par les crises logistiques, la pression géopolitique et les exigences réglementaires, le rôle du service d’achat dans la gestion des risques est devenu décisif.

Cela ne concerne pas uniquement les fournisseurs critiques. Les risques contractuels, réglementaires, réputationnels ou encore RSE doivent être cartographiés et anticipés. Cette vigilance est d’autant plus nécessaire dans les achats de prestations intellectuelles ou les environnements numériques.

Le service achat doit donc être en mesure de :

  • Évaluer la solidité financière de ses partenaires
  • Identifier les dépendances critiques
  • Vérifier la conformité réglementaire (RGPD, Loi Sapin II, devoir de vigilance)
  • Mettre en place des plans de continuité d’activité

Ce rôle d’anticipation exige une veille continue, une culture du risque intégrée et un dialogue constant avec les fournisseurs. Il ne s’agit pas de tout contrôler, mais d’outiller les décisions stratégiques.

Là encore, la maturité achat se traduit par la capacité à transformer un risque en levier de pilotage.

Retour d’expérience : transformer chaque marché en capital d’apprentissage

Trop peu d’organisations exploitent réellement les enseignements tirés des marchés passés. Pourtant, le retour d’expérience (REX) est l’un des leviers les plus puissants d’amélioration continue pour le service d’achat.

Ce REX peut prendre plusieurs formes : évaluation à chaud après exécution, audit qualitatif, feedback croisé entre prestataire et prescripteur, benchmark avec d’autres projets similaires.

Le rôle du service d’achat est ici de structurer cette capitalisation. L’objectif n’est pas de sanctionner, mais de comprendre ce qui a bien fonctionné ou non, afin de réutiliser les bonnes pratiques et d’éviter les erreurs récurrentes.

Dans certains cas, ce retour peut aussi nourrir la relation fournisseur, en renforçant la confiance ou en alimentant la co-construction pour les projets futurs.

Un marché bien exécuté est utile. Un marché bien analysé devient stratégique.

Renouvellement ou remise en concurrence : arbitrer avec méthode

À l’issue du contrat, une nouvelle décision s’impose : renouveler le partenariat ou relancer une consultation ? Le service achat joue alors un rôle clé dans cet arbitrage.

Plusieurs critères entrent en jeu : qualité du service rendu, évolution du marché, nouveaux entrants potentiels, niveau de dépendance, ou encore possibilité d’optimisation budgétaire.

Cet arbitrage doit être rationnel, transparent et documenté. Il implique parfois la réécriture du cahier des charges, l’ouverture à de nouveaux prestataires, ou la redéfinition des modalités contractuelles.

Cette étape est d’autant plus sensible lorsque le fournisseur en place est historique. Le service achat doit alors éviter la reconduction par défaut tout en valorisant les gains d’expérience acquis.

Intégrer les achats dans la stratégie d’entreprise

L’évolution du rôle du service d’achat dépasse largement la gestion des contrats. Dans les organisations les plus avancées, les achats deviennent un levier stratégique à part entière.

Leur contribution se mesure en :

  • Création de valeur : amélioration de la rentabilité, innovation fournisseur, différenciation
  • Sécurisation des opérations : robustesse des approvisionnements, conformité réglementaire
  • Responsabilité sociétale : contribution aux objectifs de décarbonation, inclusion, traçabilité

Cette intégration suppose un alignement étroit avec la direction générale, une bonne compréhension des enjeux métier et une capacité à projeter la fonction achat dans le long terme.

Lorsque les achats participent aux décisions stratégiques, ils cessent d’être un centre de coût pour devenir un centre de performance globale.


Conclusion : repenser durablement le rôle du service d’achat

La passation des marchés n’est pas un processus linéaire ni figé. C’est une chaîne de responsabilités et de décisions qui mobilise expertise, méthode et vision stratégique.

Le rôle du service d’achat ne se limite pas à la négociation ou à la rédaction de contrats. Il commence bien en amont, avec la formalisation du besoin, et se poursuit bien après, dans le suivi, le pilotage, et l’amélioration continue.

À mesure que les enjeux se complexifient — pression réglementaire, crises logistiques, objectifs RSE — la fonction achat est appelée à se professionnaliser davantage, à gagner en autonomie et en reconnaissance.

Mieux structurer les processus de passation des marchés, c’est donc aussi redonner toute sa place au service achat dans la stratégie de l’entreprise. Et faire de chaque marché une opportunité de progrès.

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